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vibrations de la voix, elle a reconnu Christine qu’elle trouve étendue sur un lit étroit, et recouverte seulement d’un drap comme si elle était déjà sans vie. Christine, aussi blanche que le linge qui la recouvre, cesse sa plainte et tend deux petites mains vers Églantine en disant :

— Je t’attendais, je savais que tu viendrais.

Toutes deux se regardent, et la voix affaiblie de Christine reprend :

— Je n’ai pas la force de le mettre au monde.

Elle ajoute, plus bas encore :

— Ils vont me l’ôter.

Apitoyée au delà de tout, Églantine continue de la regarder sans pouvoir parler. Oh ! Ce petit corps tout semblable à celui d’une fillette, comment, en effet, pourrait-il mettre un enfant au monde ? Sur le visage défait qui est là, devant elle, elle croit cependant voir un rayon de joie tandis que la petite voix se fait entendre de nouveau :

— Tu ne sais pas, toi, Douce Lumière, ce que c’est que de porter en soi un petit enfant !

À ce moment seulement, Églantine pense au père de ce petit enfant qui va naître. Sait-il ? Et pourquoi n’est-il pas présent ?