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Douce, lui voyant mettre sa pèlerine, essaya de le retenir :

— Il pleut, grand-père ! Voyez, tous les arbres pleurent.

C’était vrai, les arbres pleuraient, et leurs larmes, peu nombreuses pourtant, faisaient quand même du bruit sur les feuilles sèches qui s’amoncelaient à leurs pieds. Le père Lumière s’en allait à regret. Depuis l’entrée de la petite à l’école il ne l’avait plus jamais laissée seule, craignant il ne savait trop quoi ; mais aujourd’hui il lui fallait absolument terminer un travail qui ne pouvait attendre. Douce aussi le voyait partir avec regret. L’idée de passer seule cette journée de pluie lui enlevait toute sa gaîté. En l’accompagnant à la barrière, elle dit encore :

— Il va pleuvoir tout le temps et vous rentrerez mouillé !

Sa petite voix inquiète et les yeux suppliants qu’elle levait sur lui eurent raison de son silence.

— Non, non, le brouillard tombe, il fera beau à midi !

Et, comme elle restait sous la pluie, il commanda :

— Rentre, et ne t’ennuie pas ! Je serai là de bonne heure !