Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

passé, ce passé dont il ignorait tout, alors que lui-même avait dévoilé le sien tout entier. Angoissé un peu de ce qu’il allait apprendre, il brusque les questions : Qui était-elle ? d’où venait-elle ? Et qu’était ce mal qu’on devinait rôdant autour de son front, faisant son sourire si amer, et la rendant plus craintive qu’un petit enfant ?

Elle rougit violemment, resta silencieuse pendant quelques secondes, puis se mit à rire. Et tout aussitôt sa réponse prit le ton de la plaisanterie :

Elle était Églantine Lumière. Cela, elle pouvait l’affirmer. D’où elle venait ? Tombée de la lune, sans doute, ou surgie de quelque gouffre. Elle ne savait.

Elle cessa de rire pour ajouter :

— Un chien était mon frère, et un grand verger m’a nourrie de fleurs et de vents.

Jacques Hermont, profondément froissé, recula sa chaise et voulut s’éloigner. Elle le retint, les yeux plus suppliants encore que la voix :

— Ayez pitié, Jacques. Songez que je ne possède au monde que ma souffrance. Laissez-la moi.

Il rapprocha sa chaise et leur soirée s’acheva presque en silence.

Il semblait que ce mal, dont parlait