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sait que le souvenir de Tensia lui revînt pour qu’il comprît que rien n’était changé. Cependant il ne pouvait s’empêcher de regarder celle qu’il prenait l’habitude d’appeler Douce. N’était-elle pas plus jolie que Tensia lorsque la lueur avait fait place à ce rayonnement qui éclairait son visage délicat ? Un apaisement était sur elle. Tous ses gestes, comme resserrés l’instant d’avant, devenaient faciles. Son buste s’abandonnait, sa taille se pliait sans effort, et ses pieds ne semblaient pas toucher terre tant sa marche était silencieuse. Mais ce que Jacques s’attardait surtout à regarder, c’était une bouche fraîche, presque trop fine, dont les coins se relevaient pour un mystérieux sourire, tandis que le regard s’en allait au loin. Ce regard et ce sourire rendaient grâce à quelqu’un ; mais ce n’était pas à Jacques Hermont. Pourtant, à la voir ainsi, il se réjouissait. D’autres fois il disait son regret : « Pourquoi ne pouvaient-ils s’aimer d’amour et faire leur mutuel bonheur, pour le temps qui leur restait à vivre ?

Devant ce regret Églantine baissait la tête et devenait grave, sachant trop bien que son bonheur à elle était défait pour toujours, et que personne, pas même Jac-