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Leurs vacances finies, Églantine et Jacques Hermont devaient quitter l’île ensemble, ainsi qu’ils y étaient venus, mais à l’instant du départ Christine avait montré un chagrin si violent, qu’Églantine, dont la présence à Paris n’était pas indispensable, avait décidé de rester quelque temps encore auprès d’elle. Il lui fallut bien alors abandonner ses rochers pour partager les jeux de l’enfant. Elle passe presque tout son temps dans le petit village où Christine retrouve des camarades qui lui font oublier l’absence de son père. La vue ne s’étend guère dans ce port encaissé entre de hautes roches, et dont l’étroit goulet est bizarrement disposé. Mais Églantine se plaît auprès des pêcheurs qui goudronnent leur barque ou raccommodent leurs filets. Des femmes sont là aussi, qu’elle écoute parler. Elle partage la joie de celles dont le mari vient de rentrer, mais surtout elle partage plus encore le tourment de celles dont le mari, au loin, pourrait ne pas revenir. Et puis, ces pêcheurs, au visage hardi et intelligent, ont des conversations pleines d’imprévu, et savent des histoires pleines