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aller, a sûrement pris ce sentier qui mène droit à ce grand bateau qu’on aperçoit au loin, et dont la fumée s’allonge et reste à la traîne, comme ennuyée de suivre. Un désir subit vient à Églantine de rejoindre ce bateau qui emporte Noël à son foyer. Elle voudrait tant connaître ce foyer. Comment sont les enfants de Noël ? Comment est sa femme ? Très belle, sans doute, et aussi très bonne. Elle ne ressent aucune jalousie contre celle qui a pris sa place. Son amour à elle est si vaste et si profond qu’elle est heureuse de penser qu’une femme belle et bonne peut rendre heureux Noël.

À son tour elle s’engage dans le sentier de traverse. Accompagnée du vent doux et soutenue par la mer, elle marche longtemps sur ce chemin d’eau, le regard fixé sur la fumée qui peu à peu devient un mince nuage parmi d’autres nuages. Lasse enfin, elle s’assied à un carrefour. Des milliers et des milliers de petites étoiles d’argent scintillent autour d’elle, tandis qu’un peu plus loin d’énormes barres d’or se rapprochent en se balançant sous la nappe d’un bleu vert.

Le soleil, las aussi, sans doute, d’un trop long parcours, descend pour se reposer. Comme il descend vite ! On dirait qu’il