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tombe. Et maintenant, dans la brise qui voltige en tous sens, elle entend parler Noël. Elle reconnaît sa voix affectueuse et tendre, cette voix qu’elle a tant cherchée et jamais retrouvée parmi tant de gens qui l’entouraient à Paris.

Il arrive que Noël la quitte pour quelques heures. Ne faut-il pas qu’il aille voir sa femme et ses enfants ?

Elle attend son retour, assise sur une large pierre tapissée de cette mousse jaune et dure qu’elle aime, sans comprendre la raison de sa couleur. Elle n’a plus peur de la mer ; elle l’a longuement regardée, et Jacques a parlé des lames de fond très dangereuses à certains endroits de la côte, surtout par gros temps. Elle voit maintenant la mer comme une créature intelligente et forte, belle et capricieuse, soumise seulement au vent doux qui vient de la terre et passe sur elle comme une caresse. Pour ce vent-là, seulement, elle la voit mettre sa robe bleue, brodée de blanc, dont les plis traînent sur le sable et sur les rochers. Elle la voit aussi tracer, pour de longues promenades, des chemins, des routes, des carrefours. Ces routes et ces chemins s’en vont vers des buts inconnus d’Églantine, mais qu’elle devine facilement. Noël, pour s’en