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chasser la peur qui veille et la trouble. Elle ne sait plus mettre les choses à leur place. Qu’est-ce donc que ces éclairs blancs, plus rapides que des flèches, se succédant sans relâche et coupant en deux la fenêtre toujours au même endroit ? Et cette lune, plus pâle que la mort, qui court d’un nuage à l’autre avec une rapidité incroyable, comme pour échapper au vent qui la menace de son grand souffle ? Réveillée par l’affreuse musique du toit, elle reprend conscience, et reconnaît les éclairs blancs du phare et les nuages déchiquetés roulant les uns sur les autres comme des vagues, et fuyant, tel un troupeau pris de panique. Elle voudrait se lever et sortir de la maison ; elle voudrait parler à Jacques ; mais elle comprend que Jacques dort profondément, sans aucun souci du vacarme qui l’entoure.

Le jour suivant, si la mer bruissait encore avec force, le vent s’était enfui, laissant à sa place une pluie drue qui mouillait l’île à fond, emplissant et faisant déborder ses ruisseaux qui se hâtaient de courir à la mer comme au refuge le plus sûr. Puis, brusquement, ce fut le beau temps. Dès lors, Églantine abandonna les rochers pour courir sur la lande, à travers les ajoncs, les fougères et les ronces. Elle retrouvait là tout ce qui