Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et supplie Marie-Danièle de repartir. Elles arrivent juste pour voir La Ville d’Auray se diriger vers la bouée rouge qui marque l’entrée du port. Ce qui n’était au loin, qu’une cheminée touchant le ciel et l’eau, est maintenant un gros bateau chargé de passagers, tous debouts sur le pont, cherchant à reconnaître un visage ami dans la foule groupée sur le môle.

Un cri sonore de sa sirène, un joyeux bonjour dirait-on, à ceux qui l’attendent, et La Ville d’Auray lourde, basse sur pied, oblique un peu, contourne la bouée et la voilà dans la passe. Elle trébuche en y entrant, roule d’un côté sur l’autre, se relève d’un coup, et droite et fière ainsi qu’un personnage de marque qui se sait attendu, elle avance lentement entre les barques de pêche qu’elle fait danser au passage. Et, soudain silencieuse, son hélice comme endormie, elle vient se ranger à quai, juste devant Christine dont les petites mains tremblent et dont le joli visage se déforme comme pour pleurer.

Sur la route qui la ramène au village, Christine, entre ses deux anges gardiens,