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, jeune encore, a un visage de bonté et des yeux pleins de rêve. Il y a aussi le mécanicien, aux traits fins et à l’air timide, qui lui parle de ses inventions et lui montre des dessins compliqués, tout en disant qu’il serait heureux d’être marié à une femme qui comprendrait ses efforts et l’aiderait de toute sa tendresse. Auprès de ces deux-là il lui était arrivé de se dire qu’un mariage sans amour pourrait peut-être lui donner tout de même une vie paisible et agréable. Mais, lorsqu’ils parlent, c’est la voix de Noël qu’elle cherche dans la leur. C’est le regard de Noël qu’elle cherche dans leurs yeux. Il en avait été de même pour d’autres, déjà, qui s’étaient approchés d’elle. Ah ! que tous ces hommes étaient loin. Elle avait même oublié leurs visages, comme elle oublierait, dans peu de temps, elle en était certaine, celui de l’homme aux livres et celui du mécanicien. Elle les évoque, dans l’instant, parce qu’ils lui sont sympathiques, mais à leur place se présente le souvenir très précis d’un jeune garçon au visage frais comme la fleur de pommier que le vent semait sur sa tête et sur ses épaules. Cela ramène son rire bizarre et, tout en froissant avec un peu d’agacement la lettre, elle dit à Jacques qui la regarde :