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voient obligés de se séparer d’elle, les médecins ayant ordonné un long séjour à la mer dans l’espoir d’une complète guérison. Tous deux sans se le dire appréhendent cette séparation. Ils ne verront plus la fillette assise ou étendue sur le balcon qui domine le patronage, ils ne la verront plus rire à cœur joie aux disputes des gamins, ou se moquer de leur maladresse. Ils ne l’entendront plus plaindre les acacias et les marronniers, lorsque, dépouillés et malmenés par le vent d’hiver, ils se courbent et se tordent comme le feraient des êtres de misère attachés par le pied. Et ses deux menottes qu’elle levait si haut pour supplier : « Pas si fort ! Monsieur grand vent, pas si fort ! »

Pour l’accoutumer, autant qu’eux-mêmes, à la séparation, Jacques lui parle de Marie-Danièle, une parente éloignée, habitant une petite île de la Vendée où il a passé sa première enfance. Il lui parle des qualités affectueuses de sa parente chez laquelle elle va demeurer. Il lui vante la beauté et l’étrangeté de l’île où elle n’aura pas le temps de s’ennuyer, la mer étant comme une personne agissante et bruyante qui apporte chaque jour du nouveau. Et, comme Christine reste boudeuse, il la me-