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glots que l’on refoule. Et, pris d’une pitié intense pour cette jeune fille dont il surprend le mal profond, il lui entoure l’épaule, ainsi qu’il le ferait pour une sœur chérie ; et, penchée sur elle, très près de son oreille, il murmure :

— N’ayez pas honte de pleurer.

Il se relève en ajoutant :

— Ah ! si nos larmes pouvaient emporter l’amertume de notre cœur.

Déjà Églantine essuie ses yeux. Elle essaye de sourire à Jacques avant de dire :

— C’est que moi, je suis tellement plus riche d’amertume que de larmes !

Jacques Hermont lui rend son sourire. Et, comme malgré lui, lorsqu’elle va le quitter après le bonsoir habituel, il la retient, et la regarde un long moment au visage.

Étendue dans son lit, où le sommeil refuse de venir, Églantine, pour la première fois, a une révolte contre Noël. Est-ce que ce mal qui lui déchiquetait le cœur et lui taraudait l’âme n’allait pas prendre fin ? Est-ce que ce regard ami qui s’était appuyé sur elle ce soir ainsi que la caresse affectueuse des longues mains, n’allaient pas