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Jacques Hermont demanda à travers la cloison :

— Est-ce vous, mademoiselle Lumière, qui chantez ainsi ?

Églantine ne répondit pas tout de suite. Étonnée, troublée, redoutant une moquerie, elle voulut s’excuser, mais une volonté plus forte que la sienne lui souffla cette réponse :

— Reprenez voir le miserere.

Cette fois toute timidité, comme toute crainte, disparaît. Cette voix qu’elle entend et qu’elle suit, est bien celle dont Mademoiselle Charmes faisait si grand cas, celle que Noël aimait par-dessus tout, la même qui avait enchanté si longtemps mère Clarisse, celle enfin qu’en un jour de douleur, pour célébrer l’amour de deux êtres qui unissaient leurs vies, elle avait lancée comme un appel vers elle ne savait quel désert lointain.

L’instant d’après, Jacques Hermont est chez elle. Il la regarde comme quelqu’un que l’on voit pour la première fois. Il est vrai qu’elle n’a pas son visage ordinaire. Dans sa surprise, il lui parle un peu brusquement :

— Qu’avez-vous à faire chez un tailleur avec une pareille voix ?

Arrêté devant elle, près de la porte restée