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mais si fière d’avoir parfaitement imité le garçon.

En les voyant s’éloigner, Tou, qui ne pouvait sauter la grille, poussa de véritables clameurs. Noël tirait Douce par la main :

— Viens ! viens ! disait-il. Laisse-le ! Il saura bien nous retrouver !

Et de fait, Tou, qui ne s’inquiétait pas de dénonciation, avait vite compris que, si la grille était trop haute, il lui restait la barrière d’entrée si souvent franchie déjà. Et peu de temps après, la langue pendante et le souffle court, il rejoignait dans l’eau claire les deux autres qui barbottaient en riant comme de jeunes fous.

Avec les grandes vacances, les journées de baignade, de pêche et de randonnées par les bois se multipliaient. Dans cette grande sapinière où les chemins tracés étaient rares, les trois amis eurent la chance de ne pas être vus. À l’heure de midi, assis au bord de l’étang, les provisions posées sur l’herbe, ils faisaient trois parts. Puis, alourdis de chaleur et de fatigue, bercés par le bruit soyeux et continu des grands sapins, étendus côte-à-côte, insouciants et confiants, ils s’endormaient.

Vers le milieu de septembre, ils durent cesser les jeux et les courses, le père Lu-