Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment de musique qui lui faisait oublier son mal.

Après trois années d’entente parfaite, la vieille femme était devenue subitement impotente. Et sa famille, en l’enlevant à Églantine, avait enlevé du même coup le piano, et tout ce qui garnissait le logement. De ce jour, dans la grande ville où tant de gens la coudoyaient, Églantine Lumière était restée seule, seule, seule.

Aujourd’hui, c’est dimanche. Et comme beaucoup d’ouvrières parisiennes, Églantine fait la grasse matinée. Elle ne peut dormir cependant. Un bruyant va-et-vient dans l’escalier lui apprend que de nouveaux voisins emménagent à la place des anciens, partis depuis pas mal de temps déjà.

Ces nouveaux voisins lui donnent de l’inquiétude. Comment sont-ils ? Les anciens, des gens d’âge mûr, n’étaient guère gênants. Leur porte, toute proche de la sienne, s’ouvrait et se fermait sans bruit, et la mince cloison qui séparait les deux logements ne laissait passer que de légers heurts de meubles et des mots assourdis. Lorsqu’elle ren-