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leste et fort, qui sautait les barrières en se jouant et vous rattrapait sans peine quelque avance qu’on eût sur lui.

Aux courses désordonnées s’étaient tout de suite ajoutés les jeux hardis et violents. Douce, légère et souple, suivait avec intérêt tous les mouvements de son camarade. Et derrière lui, elle faisait des culbutes savantes, franchissait des obstacles, grimpait jusqu’au faîte des arbres pour se nicher entre les feuilles ou se balancer entre les branches. Puis Noël se lassa de tout cela. Il parla de la sapinière voisine où l’espace était grand, où il y avait un ruisseau dans lequel on pouvait se baigner et un étang dans lequel on pouvait pêcher. Douce ne demandait pas mieux que de se baigner dans le ruisseau et que pêcher dans l’étang, mais pour cela il fallait sortir du verger, et son grand-père le lui défendait sévèrement, quoique la barrière fût fermée d’un solide cadenas dont il gardait la clé. Noël, que rien n’embarrassait, trouvait tout simple de faire franchir cette barrière à la fillette, mais elle refusait. Elle pouvait être vue de la route et dénoncée, disait-elle. Elle craignait fort ce grand-père taciturne qui ne lui adressait la parole que pour lui défendre une chose ou une autre. Noël ne