comme s’il y avait eu quelqu’un derrière. L’idée lui vient de transporter son lit dans la chambre de ses parents. Elle l’installe à l’endroit où était le berceau. Là, si près du grenier, les rats font du tapage, jouant et se poursuivant avec des petits cris ; mais de ceux-là elle sait qu’elle n’a rien à craindre, pas plus que des araignées aux longues pattes qui sortent elle ne sait d’où, attirées par la lueur de la veilleuse. À les voir aller et venir sur le mur, elle se sent moins seule. L’une d’elle, couleur de sable, très grosse et à pattes courtes, loge dans l’encoignure de la porte comme pour en surveiller l’entrée. Lorsqu’au matin Églantine ouvre cette porte, elle prend bien garde de la déranger. Son logis, de même couleur qu’elle, est fait d’un tube ouvert par en bas et pourvu d’une large fenêtre placée bien au milieu. Et, directement sous cette fenêtre, ainsi qu’un jardin devant une maison, l’araignée a tendu une toile spacieuse et solide qu’elle entretient avec soin, et sur laquelle elle semble cultiver des mouches. La présence d’Églantine ne la gêne guère. Si elle lui parle, elle reste immobile à sa fenêtre, faisant seulement bouger ses gros yeux qui semblent voir partout à la fois. Elle s’absente parfois pendant plusieurs jours. Au
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