Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au-dessus de lui. Églantine va en faire le tour lorsqu’elle aperçoit Noël. Il est là couché au bord de l’eau, dans un endroit où jamais il ne s’était arrêté. Il se lève à l’approche de la jeune fille, et le regard qu’il fixe sur elle est plus sombre qu’une mauvaise nuée. Elle ne sait quelle force la retient tout à coup sur place. Et comme dans un éclair, sur ce visage qu’elle aime, elle retrouve, pour la première fois, les sourcils en accent circonflexe de Luc, et les plis profonds qui sortent de ces sourcils même et montent en éventail jusqu’au faîte du front. C’est lui qui avance, et sa voix n’est pas moins étrange que son regard lorsqu’il demande :

— Est-ce vrai, Églantine, que tu ne m’aimes pas ?

Elle rougit de façon violente, et tout son corps tremble lorsqu’il ajoute :

— Est-ce vrai que tu t’es donnée à mon frère ?

Elle ne peut répondre. La gorge s’est desséchée et son cœur veut s’échapper. Il attend, la regardant toujours. Elle fait un gros effort et répond enfin :

— C’est un mensonge !

Il reprend, les yeux moins sombres :

— Pourtant, tu ne peux nier que tu as