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dit tout. Presque aussi tremblante qu’elle, mère Clarisse conseilla de ne rien dire à Noël :

— Cela pourrait détruire votre grand bonheur !

Églantine ne le croyait pas. Était-ce sa faute ? Et puis, maintenant qu’elle était dans sa maison, à l’abri de toute surprise, elle ne voyait plus la chose aussi grave. Elle saurait bien excuser Luc auprès de Noël. Il avait eu un moment de folie, elle en était sûre. Est-ce qu’un homme qui a toute sa raison peut montrer un visage aussi bestial ? Et déjà elle riait et disait :

— Jamais plus je ne l’embrasserai ! Il m’a fait trop peur !

Elle prit la route, le lendemain, pour aller à Bléroux ; et cette fois ce fut le hasard qui la mit en présence de Luc. Il rentrait à la ferme, avec un cheval de labour qu’il tenait par la bride. Elle attendit de le croiser pour lui sourire en signe de pardon. Mais ce qu’elle vît sur sa figure l’empêcha de sourire.

Luc, toutes dents dehors, les yeux furieux, lui dit sans s’arrêter :

— Moi aussi, je le dirai à Noël ! Soyez tranquille !

La Plate, qu’elle rencontra peu après,