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va et vient dans la maison et commence à faire quelques pas au dehors. Aussi conseille-t-elle à Églantine de profiter du prochain dimanche pour aller courir les bois. Ils ne rentreront pas tard, voilà tout. Églantine ne demande pas mieux. L’automne est déjà là, et dorénavant il ne faudra plus trop compter sur le beau temps. Et si Luc voulait venir avec eux, cette promenade de toute une journée pourrait lui faire oublier un peu son ennui. Le soir même, elle file à Bléroux avec l’espoir de le rencontrer pour lui parler du projet. Au retour elle l’aperçoit, un peu en avant d’elle. Il va d’un pas rapide, ainsi qu’un homme pressé. On dirait qu’il se rend au Verger. Sans doute ne sait-il pas qu’elle le suit. Elle court après lui, l’appelle à haute voix. Il se retourne et l’attend. À l’idée de lui faire une bonne surprise, elle a un visage ravi et tout fleuri de roses.

Et, impétueuse comme toujours dans ses élans affectueux, elle se jette à son cou pour l’embrasser. Elle ne sait alors ce qui lui arrive. Deux bras forts enserrent sa taille. Un souffle de bête ronfle à son oreille, et elle se sent brutalement jetée à terre. Une terreur la gagne. Luc est devenu fou.

Dans cette sapinière, où personne ne