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Les prés sont fauchés, les blés sont coupés, et par toute la campagne s’étend un silence plein de sécurité. Églantine et Noël vont de taillis en taillis, prenant tous les chemins qui se présentent, sans se demander où ils mènent. Ils traversent des sapinières touffues, des clairières de vieux chênes, et des boulaies pleines de ronces et de mousse où leurs pieds s’enfoncent comme dans d’épais tapis. Ils jouent à cache-cache comme des enfants, se balancent aux branches et sautent dans tous les ruisseaux. Ils sont ivres de l’air des bois, ivres de liberté, ivres de leur amour.

Un jour qu’ils se reposaient auprès d’une propriété inconnue, une fillette à la voix aigre chanta tout à coup derrière le mur :


    La fille d’un riche marchand
    On dit qu’elle se marie
    Chantait le Rossignolet


Tous deux, en même temps, avaient éloigné de leur bouche le fruit dans lequel ils mordaient. Noël revoyait la face tourmentée de son frère, et la jeune fille croyait en-