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tenait qu’à tante Rude, et pas plus que le comptable, elle n’était disposé à laisser son bien sans profit.

Oncle meunier dut lire cela sur mon front, car il me dit :

— Tu sais qu’elle a dépensé gros pour remonter le moulin qui tombait en ruine.


Tout s’est arrangé enfin, grâce au mariage d’Angèle. Les jeunes époux vont habiter ici. Ils occuperont une partie de la maison et en payeront la location entière. La maison n’est pas grande, il me faudra me contenter pour les jumeaux et moi de la pièce la plus petite et la moins claire, mais je suis trop heureuse de l’arrangement pour songer à me plaindre.


Mes parents n’assisteront pas au mariage de leur fille. Pour ce grand jour, et pour faire pendant à la nombreuse famille du fiancé, il n’y aura auprès de nous, à part tante Rude et oncle meunier, qu’une jeune ouvrière amie d’Angèle, et Valère Chatellier l’ami de Firmin.

Je connais la jeune ouvrière qui suivra le cortège au bras de Firmin, mais je ne sais rien de Valère Chatellier qui sera mon compagnon de fête. Firmin que j’interroge, m’assure que son ami est un garçon honnête, sérieux et plein de cœur. Et, d’affilée comme chaque fois qu’il raconte, il me donne ces détails :

Valère Chatellier a vingt-six ans. Ses parents qui étaient fermiers l’ont mis de bonne heure au collège. Ils sont morts ruinés par une catastrophe,