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IV


Le vingt-sept octobre de l’année 1908 fut une date que nous n’étions pas près d’oublier.

Le matin de ce jour était sombre et froid comme un matin de plein hiver. Firmin qui sortait pour aller au puits rouvrit précipitamment la porte en nous disant :

— Écoutez-la !

Par la porte ouverte la voix de tante Rude s’engouffra en même temps qu’un vent glacé qui nous fit frissonner tous. Oh ! comme elle criait fort tante Rude ! Ses mots ne nous parvenaient pas, mais il était facile de comprendre qu’elle imposait sa volonté et qu’elle entendait être obéie. La voix d’oncle meunier nous parvint à son tour. À l’encontre des autres fois elle était nette et ferme. Et brusquement tout se tut.

Comme nous étions encore aux écoutes, la claie du passage grinça, et presque aussitôt oncle meunier entra chez nous. Il vit que nous avions entendu la querelle et il nous dit tout tranquillement :

— Ce n’est rien mes enfants, je viens vous pré-