lieu de la rue. Mais les gens ne voient rien ; ils passent, la bouche tordue, criant toujours : « Famine, famine ! » Comme eux je m’apprête à fuir car la crainte de mourir de faim me vient aussi, lorsqu’un homme me prend la main et m’entraîne :
« Venez, je connais un pays où il n’y a pas de famine. »
Le chemin qu’il me fait prendre monte, monte et, tout de suite, je reconnais la côte qui mène au calvaire et que j’ai tant de fois parcourue déjà. Je refuse d’aller plus loin, mais l’homme me tire par la main !
« Venez, venez, vous ne connaissez pas l’autre versant. »
Je me laisse entraîner de nouveau ; le chemin se resserre, la côte s’accentue et un vent violent me souffle à la face. Puis, sous mes pieds, c’est un escalier de pierre tout branlant ; je monte lentement, péniblement, les marches étroites et hautes. Encore une sur laquelle il me faut me hisser des coudes et des genoux, et me voici enfin debout au faîte du calvaire me retenant à la croix pour ne pas être rejetée en arrière par le vent furieux. Mais, tout aussitôt, j’aperçois l’autre versant.
Il est fait d’une plaine sans fin, toute couverte de fleurs et de blé, et si brillante sous le soleil que j’en suis éblouie.
Éveillée par un brusque balancement de mon corps, je reste dans le ravissement de cette minute de sommeil. Puis, comme si je me préparais à descendre le versant fait de fleurs et de blé, je