ment vu Angèle et Angèle a sûrement quelque chose à me dire. »
Rapidement je quitte la venelle et me dirige vers le moulin.
Non, Angèle n’a pas vu Valère, je le comprends à son étonnement de ma venue et à sa crainte de me voir séjourner chez elle. Mais je sais qu’à Paris je retrouverai facilement Valère et c’est sans aucune tristesse que je dis à Angèle :
— Je souffrais d’être seule et je venais chercher un peu d’affection auprès de toi.
Elle s’assied sans m’inviter à en faire autant et c’est, pendant un long moment, comme si nous étions devenues muettes toutes les deux.
C’est elle qui parle la première :
— Tu vois, nous ne trouvons rien à nous dire.
J’en conviens avec elle et pour éviter un nouveau silence, je désigne la porte du fond par où nous arrivent des voix enfantines :
— Laisse-moi embrasser tes enfants.
Elle se lève.
— Écoute, Annette, je ne veux pas que les enfants te connaissent, tu as un air que je n’aime pas et que je n’ai jamais vu à personne.
Elle paraît si inquiète que je ris en faisant mine de sortir.
— C’est cela, dit-elle, il vaut mieux t’en aller.
Je sors sans l’embrasser et sans trouver un seul mot à lui dire. Après quelques pas, je me retourne pour un geste d’adieu, mais elle ne répond pas à ce geste. Elle reste sur la porte, droite et digne, comme pour bien me montrer qu’elle tient à s’assurer de mon départ.