ces cheveux gris, ces épaules voûtées et cet abandon de tout le corps.
Il me semble que j’aimerais mieux savoir la vérité sur Valère ; sa mort m’apporterait-elle une peine plus grande que celle qui m’est venue de notre séparation ?
Aujourd’hui dimanche, inactive et toutes mes pensées tendues vers les chers absents, je rencontre de nouveau le clair regard d’oncle meunier me disant : « Valère peut revenir. »
Comme si j’avais entendu réellement ces mots j’ouvre la fenêtre. C’est de la clarté, c’est de la chaleur qui entre et tout mon corps se réchauffe au soleil comme autrefois à une caresse de Valère Chatellier. Ce n’est pas assez d’une fenêtre, j’ouvre les trois qui donnent sur le boulevard.
« Oh ! si Valère revient, qu’il puisse voir au moins que tout n’est pas mort dans le logement de Manine. »
Tandis que les pièces s’emplissent d’air et de lumière je regarde au dehors, à droite et à gauche, mais Valère n’est pas là. Les arbres sont d’un vert magnifique et dans le ciel bleu les hirondelles jouent et crient. Les passants ne se hâtent pas comme les jours de semaine, mais aucun d’eux ne songe à regarder les fenêtres de Manine. Seul, le grand vieillard tourne la tête par ici tout en marchant. On dirait même qu’il ralentit son pas déjà si lent.
Je m’intéresse de plus en plus à ce vieillard malade. Je voudrais connaître son nom et savoir de quoi il souffre. Il est vêtu de grosse laine malgré la chaleur et, dans son vêtement trop large son