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Nous habitons à trois kilomètres de Nice une longue et vieille maison qui regarde la mer et que nous partageons avec deux autres ménages, un jeune et un vieux.

Ma voisine jeune est vive, petite et très coquette. Elle est courageuse aussi ; levée en même temps que son mari elle chante en faisant sa toilette, puis, reluisante et pomponnée comme pour une fête, elle file aux provisions, revient avec la même hâte et s’installe devant une table où elle découpe des morceaux de soie qui lui servent à confectionner des fleurs. Son mari, presque aussi jeune qu’elle, est vendeur dans une parfumerie de Nice. Il sympathise avec Valère, et tous deux se rendent ensemble à leur travail.

Le vieux ménage occupe le logement le plus éloigné de nous ; le mari est cordonnier et la femme piqueuse de bottines ; tous deux travaillent pour le magasin de Valère, et c’est sur leur indication que nous sommes venus habiter ici, en attendant de trouver une petite maison où nous pourrons demeurer seuls.