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VII


Les grands vents de Mars arrivaient en trombe et balayaient la campagne. La pluie épaisse et rude frappait la terre, coulait en nappes sur les pentes, entraînant au fossé le sable et les cailloux, les brindilles et les feuilles mortes. Par instant, le vent, las de souffler si fort, se reposait mais la pluie jamais lasse continuait à lustrer les branches, le toit des maisons, les épines des haies et l’herbe courte des prés.

On eût dit que le vent et la pluie tenaient à laver et à brosser tout ce qu’avait sali le vieil hiver afin que tout soit net et propre pour l’arrivée du doux printemps. Nous-mêmes, comme dans l’attente d’un hôte important, faisions nettes et propres nos demeures. Oncle meunier passait les murs au lait de chaux, et tante Rude, Manine et moi, mettions tous nos soins à faire briller les meubles et leurs ferrures.

Tout se réveillait dans la campagne. Les jardins commençaient à se parer de vert, et dans les fermes avoisinantes, le bêlement des brebis et le meuglement des vache annonçaient déjà de nombreuses