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silhouettes parisiennes

jeune homme. Une de ces catastrophes si fréquentes, hélas ! dans le grand monde parisien, a brisé sa vie, et des circonstances, ayant la sottise du code pour base, ont si bien changé sa situation, que, tout en ayant une grande fortune, des complications d’affaires l’ont privée d’en jouir, et elle a dû écrire, afin de pouvoir bien élever et bien doter ses filles.

L’affection passionnée qu’elle a pour ses enfants lui a donné l’énergie nécessaire à celui qui veut vivre de sa plume.

Sous les pseudonymes de Camille Delaville et de Pierre de Chatillon, elle a montré ce que peut une femme intelligente, instruite, lorsqu’elle ose vouloir.

Elle a prouvé que talent, quoique mis au masculin par les grammairiens, est l’apanage des deux sexes.

Pendant la fatale guerre de 1870, elle a fait vaillamment son devoir de citoyenne : elle avait transformé en ambulance une partie de l’hôtel qu’elle occupait alors, et elle allait, elle aussi, ramasser bravement les blessés sous le feu en-