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silhouettes parisiennes

Fi, aussi, des naturalistes ; le beau doit être l’idéal d’un peuple instruit.

Les naturalistes et les pornographes, trouvant que couper la queue de son chien n’était plus suffisant pour attirer sur eux l’attention, se sont mis à remuer les cloaques moraux et les cloaques matériels ; ils ont réussi à escompter, écus sonnants, les odeurs malsaines.

Mais le règne de ce monde comme il n’en faudrait pas sera éphémère.

Les mauvaises lectures sont un poison moral dont il faut se préserver avec soin.

Vous est-il arrivé parfois, en été, lorsque l’atmosphère est lourde, que les égouts vomissent des miasmes putrides, que la pluie tombe sans rafraîchir l’air, mais en formant une boue noire, puante, qui vous éclabousse de la tête aux pieds ; vous est-il arrivé de ressentir une sorte d’écœurement sans nom ? Tout vous paraît gris et sale autour de vous ; il vous semble que votre corps lui-même est imprégné des odeurs du ruisseau ; le présent vous paraît odieux, et l’avenir vous apparaît d’un noir d’encre de Chine. Vous rentrez chez vous, vous vous plongez dans un bain