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La loi du 28 décembre 1848, votée à la faible majorité de cinq suffrages[1], a troublé profondément l’économie générale de nos finances, en retranchant les deux tiers de l’impôt du sel, et en l’abaissant de 30 francs à 10 francs par 100 kilogrammes. Elle a créé désormais un déficit annuel de plus de 60 millions dans le budget de chaque exercice, sans apporter un soulagement véritable et sensible aux populations dégrevées ; elle a fait subir une grave atteinte à la puissance générale du pays, sans rien ajouter au développement des forces de l’agriculture et de l’industrie.

Plusieurs localités ont, il est vrai, conquis la remise de cette précieuse ressource du Trésor au profit de quelques fabricants de fromage, qui en ont exclusivement absorbé le bénéfice au préjudice de l’État, et sans y faire participer le consommateur. Un petit nombre d’industriels qui emploient le sel dans leurs préparations alimentaires offrent aussi l’exemple d’un intérêt privé qui a pu s’apercevoir du grand sacrifice imposé à la France tout entière. Ce déplorable abandon d’un revenu public n’a donc point amélioré le sort des populations des villes ni des campagnes, qui n’ont généralement obtenu aucune réduction appréciable sur la dépense de leur nourriture, et qui n’ont réalisé aucune des promesses, si perfidement accréditées,

  1. Procès-verbal de l’Assemblée nationale.
    Résultat du scrutin du 28 décembre 1848 :
    Nombre de votants……..735
    Majorité absolue…….….368
    Boules blanches……..… 372
    Boules noires………..…..363