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alors aux propriétaires fonciers, d’après ces anciens calculs, à peine le tiers des produits de leurs capitaux, de leur travail et de leur industrie.

Mais, ô prodige d’une longue paix si rapidement fécondée dans le pays le plus favorisé de la Providence ; au moment même où se déroulait ce pénible tableau du sort de la propriété foncière, sur les données officielles publiées en 1821, le développement continu de la richesse nationale et du crédit public démentait implicitement cette insuffisante évaluation d’un revenu territorial qui s’élevait sans interruption à travers nos agitations politiques et qui parvenait, suivant les dernières recherches du ministère des nuances, au chiffre réel et toujours progressif de plus de trois milliards.

Ainsi s’expliquent aujourd’hui la prompte rentrée des contributions directes, la diminution successive des frais de poursuites, l’augmentation continue des centimes additionnels votés chaque année par les conseils locaux pour les améliorations impatientes des départements et des communes, la progression croissante de la valeur des biens-fonds et celle des droits d’enregistrement qui les frappent d’un tarif proportionnel, comme les honoraires des officiers publics ; enfin la facile résignation des populations, désormais moins grevées, aux sacrifices extraordinaires qui leur ont été trop souvent imposés par nos troubles civils.

Toutefois la propriété foncière se trouve encore, après un aussi prodigieux accroissement de revenu, déshéritée, par l’ancienne législation qui la régit, de près du tiers de son produit net, en faveur du Trésor, des créanciers hypothécaires et des offices de judicature.