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jour d’un but national qui nous est aussi impérieusement marqué par la puissance des idées et des mœurs, par le salut de nos possessions d’outre-mer, par la contagion d’un déplorable exemple, par de perfides excitations, et surtout par la volonté de la Providence.

« Cette noble et sainte carrière de civilisation est ouverte à tous les vœux de l’humanité, à toutes les inspirations du génie organisateur des hommes d’État, et ne pourrait se fermer qu’à la précipitation et à l’imprévoyance. Sachons y marcher d’un pas toujours sûr, et choisir la route sagement aplanie qui peut seule nous conduire au succès, en évitant une voie téméraire qui nous égare et qui nous empêcherait de l’atteindre.

« Dans la solution du grand problème de l’avenir de nos colonies, un profond dissentiment me sépare aujourd’hui de la pensée du gouvernement. Son projet lui réservait, à lui seul, toute la réforme du système actuel, excluait sur tous les points l’intervention et le concours des colons, enlevait même à leurs droits les plus sacrés la protection constitutionnelle de la législature, réglementait sans eux et contre leur défense légitime toutes les conditions d’une existence précaire et les soumettait sans restrictions et sans ménagements à la variation des doctrines et à l’arbitraire des mesures de l’administration métropolitaine.

« L’étude la plus consciencieuse, l’autorité des opinions les mieux instruites en cette matière spéciale m’ont inspiré la conviction la plus opposée à ce despotisme d’une seule volonté, presque toujours aveugle ou intolérante et s’imposant de si loin et de si haut à toutes les circonstances, à toutes les exigences locales d’une situation exceptionnelle.