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salants ; que des fluctuations brusques et habituelles jetteraient une grande perturbation dans un commerce qui a obtenu, depuis longues années, autant de fixité que de régularité pour toutes les parties du royaume ; que la lutte des exploitations rivales amènerait, en définitive, plus de préjudices que de bénéfices pour cette industrie spéciale ; que les fréquentes variations de prix pour une denrée alimentaire de première nécessité seraient une cause toujours sérieuse de mécontentement et de malaise social que si le nouveau régime de concessions parvenait un jour à réparer de lui-même, et par l’expérience de ses propres mécomptes, les désordres que son introduction semblait devoir provoquer, il ne nous rendrait pas une situation préférable à celle dont le système antérieur nous avait fait jouir, et nous assurait la conservation, au moyen de quelques dispositions complémentaires qui ont été plusieurs fois votées par les pouvoirs législatifs.

« On pouvait donc attribuer à l’esprit de spéculation ou au zèle des idées systématiques l’adoption d’une réforme très-généreuse en apparence, mais qui n’assurait aucune amélioration réelle, ni au producteur, ni au consommateur, ni au marchand, et qui préparait certainement de grands dommages au Trésor public. Serait-il possible, en effet, de prévenir et de réprimer les tentatives de la fraude dont les chances de succès s’accroîtraient chaque jour par la multiplicité de nouvelles exploitations concédées ? Les rigueurs dispendieuses de la surveillance financière s’efforceraient en vain de suivre cette progression croissante, et de se proportionner sans cesse à ce continuel développement. Bientôt l’administration, hors d’état de résister aux attaques incessantes de l’intérêt