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Il importerait, en effet, de ne plus resserrer cette industrie nationale dans la sphère étroite du seul intérêt militaire, et de la replacer désormais dans les attributions du ministère des finances où Turgot l’avait autrefois constituée en régie de l’État, avec le concours du savant Lavoisier qui fut l’un de ses premiers régisseurs.

Car on ne saurait admettre que le corps spécial et mobile de l’artillerie’doive renfermer, dans le cercle restreint de ses fonctions essentiellement militaires les nombreux devoirs de la mission technique et complexe de satisfaire, non-seulement aux besoins de la guerre, mais encore à ceux de la marine et du service des mines, aux goûts des chasseurs, aux échanges du commerce intérieur et extérieur, enfin aux demandes du Trésor public qui débite les poudres et qui en perçoit les revenus.

Les circonstances extraordinaires qui ont fait attribuer, en l’an viii, cette administration civile, au ministère de la guerre, alors que la fabrication des poudres de commerce était à peu près anéantie, lui ont fait en même temps conserver, avec prudence, son véritable caractère de régie financière, industrielle et productive. Il est même à remarquer que Napoléon, premier Consul ou Empereur, malgré ses constantes préoccupations militaires, lui a maintenu, dans tous les temps, sa première organisation civile et exclusivement composée d’administrateurs généraux, d’inspecteurs et de commissaires.

C’est seulement à dater de 1816 à 1818[1] que plusieurs ordonnances ont détruit l’homogénéité primitive

  1. Ordonnances des 20 novembre 1816, 19 novembre 1817, 27 mars 1818 et 15 juillet 1818.