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intérêt local à la liberté d’action dont l’administration avait fait jusqu’à ce jour un usage aussi judicieux que profitable à l’intérêt général, n’a pas dû obt&nir l’adhésion du gouvernement et n’a pas permis d’inscrire dans le budget, parmi les revenus définitivement acquis à l’État, la perception facile et progressive d’un produit net déjà parvenu à 186 millions.

Cependant, le ministère des finances avait donné aux six départements producteurs de tabacs français une garantie suffisante de sa sollicitude pour leur culture privilégiée en leur accordant, chaque année, la moitié de ses approvisionnements et en déclarant, dans ses publications officielles, que cette proportion sagement calculée devait être considérée comme tout à fait indispensable à l’avenir, non-seulement pour assurer, contre toutes les éventualités du commerce et des récoltes, les besoins habituels de la consommation, mais encore pour conserver, par un heureux mélange des feuilles indigènes avec les produits exotiques, la qualité supérieure des’tabacs de la régie. Nous devions donc espérer que des assurances aussi positives ne laisseraient plus aucun prétexte à notre agriculture pour se défier d’un monopole qu’il importe de perpétuer à la décharge de tous les contribuables en même temps qu’au profit du Trésor.

Cependant les mêmes réclamations en faveur de la culture indigène se reproduisent à toutes les époques de renouvellement législatif de ce fécond monopole de l’État. Ainsi, quoique l’administration, toujours empressée de satisfaire aux prétentions locales, conciliables avec l’intérêt général, ait, depuis 1852, porté successivement au delà du double le nombre des départements, des hectares et