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Il a toujours existé et il existera toujours entre les divers pays des inégalités inévitables dans leurs productions de toute nature, qui amèneraient infailliblement l’invasion et la ruine des plus faibles par les plus forts, et qui ne permettraient jamais d’obtenir un nivellement complet, ou même des compensations suffisantes, pour les différents peuples de la terre, sans l’appui tutélaire des tarifs de douanes qui les empêchent de succomber entièrement sous l’infériorité relative de leur climat, de leur intelligence, de leur activité ou de leur civilisation. D’ailleurs, en supposant, contre toute vraisemblance, que la balance des échanges, ramenée aux meilleures productions de chaque État, dût procurer cet équilibre de prospérités qui est le rêve de certains économistes, leur espérance ne pourrait encore se réaliser que par une liberté commerciale universelle et par le prodige d’une paix perpétuelle entre toutes les nations du monde.

Dans les crises politiques où se produisent ordinairement, au milieu de l’agitation générale, toutes les idées systématiques des novateurs, nous avons éprouvé quelquefois les funestes conséquences de ces principes soi-disant libéraux, qui n’ont jamais résisté à l’épreuve de l’expérience ni à la lumière des enquêtes publiques.

Souvent aussi la science elle-même la plus éclairée se trouve obligée de céder à des exigences diplomatiques plus impérieuses que celles de certains intérêts matériels. Il est donc démontré que l’appréciation des résultats et des circonstances qui composent toute la situation intérieure et extérieure du pays, doit diriger l’économie politique de l’administration supérieure des douanes. C’est sans doute cette considération très-grave qui, depuis