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soufferts, mais qui aurait au moins soulagé le présent et l’avenir ? Pouvait-on s’alarmer pour nos finances d’un pareil dédommagement, qui représentait à peine deux années de jouissance d’un nouveau revenu dont il devait enrichir le trésor de l’Etat ? Pourquoi donc, enfin, n’avoir pas écouté, en une semblable conjoncture, pour deux causes trahies et presque perdues, la voix conciliante de l’équité, qui est, sans contredit, la meilleure interprète de la justice politique des gouvernements ?

Pouvions-nous regretter ce grand acte d’affranchissement et de protection pour notre commerce, pour notre marine, pour nos colonies et même pour notre agriculture, si ce n’est peut-être dans quelques hectares du nord de la France ? Ne devions-nous pas retrouver, en effet, même en cas de guerre maritime, avec des produits plus abondants pour le budget et des liens politiques plus étroits à l’extérieur, tous les sucres nécessaires à notre consommation la plus développée, dans les échanges assurés et productifs des nations neutres ou alliées qui entretiendraient notre approvisionnement sur nos rivages ou sur nos frontières  ?

Ce remède extraordinaire ne devait il pas s’appliquer à une production factice sur notre sol, qui n’est naturelle et réellement nationale que dans nos colonies ; car, lors même qu’elle aurait triomphé de tous les obstacles sur notre territoire, elle eût été constamment pour la France une cause d’appauvrissement et de faiblesse. La guerre civile alimentée par l’impôt, dans notre marché intérieur, entre ces deux industries françaises, était tellement exceptionnelle, qu’une semblable transaction ne pouvait être invoquée dans aucune circonstance ni pour aucune autre fabrication,