Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les expédients d’une étroite fiscalité exploitée par cupidité des fermiers et des traitants, ont bientôt étouffé les germes de prospérité qui étaient sortis si féconds des mains de ce bienfaiteur de sa patrie, et ont épuisé les sources de la richesse publique par des taxes ruineuses frappées sans discernement comme sans mesure.

L’esprit novateur et systématique qui, en 1789, proclama les maximes d’une fausse philosophie, a fait prévaloir aussi trop souvent sur les idées positives de l’expérience les théories inapplicables de certains économistes, et n’a laissé, après les destructions de 1793, qu’une œuvre imparfaite au génie réparateur qui a fondé la législation de nos revenus publics avec le secours des hommes de son temps les plus exercés par la pratique des affaires.

Cependant, si les véritables principes de la matière ont été généralement rétablis si le système des finances a été largement conçu si ses moyens d’exécution ont été bien tracés et appliqués avec l’intelligence et la ponctuelle exactitude qui caractérisaient cette époque de force et d’unité du gouvernement, il est à regretter que les effets de ces combinaisons habiles n’aient pu être étudiés, ni améliorés, après leur première épreuve, suivant les besoins des peuples, et n’aient été modifiés pendant le cours de ce régime belliqueux, que pour satisfaire, à l’aide de subsides extraordinaires et des confiscations du blocus continental, aux nécessités toujours croissantes d’une lutte continuelle avec les puissances de l’Europe. Tous les ressorts de l’administration étaient devenus des instruments de guerre dans la main puissante qui les faisait alors mouvoir directement et sans intermédiaire, au gré d’une politique militante dangereusement enivrée de sa gloire.