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ral que des plus petits avantages, sérieux ou illusoires, qui sont à la portée du grand nombre. Il a fallu faire a cette majorité fatale le sacrifice, pendant douze exercices consécutifs d’un revenu facile de 20 à 30 millions, et compromettre, en s’y soumettant, le repeuplement de la pépinière de nos matelots, ainsi que l’armement annuel de 900 navires chargés de 60 millions de nos produits qui trouvent un écoulement certain et un échange avantageux sur le marché ; exceptionnel de nos comptoirs français ; il a fallu, sous le joug de la dure loi de cette époque, déchirer l’ancien contrat des colonies, avec la métropole, attaquer l’existence même, de ces précieux établissements de nos pères qui sont les seuls points de refuge, de ravitaillement et de défense de nos deux marines, et porter une atteinte profonde à tous nos armements de long cours, en leur interdisant, par l’élévation des surtaxes, et par le privilège intolérant du sucre indigène, l’unique denrée, la seule marchandise dont le poids, la capacité et le débit facile pussent assurer le lest et les bénéfices de leurs retours : enfin, il a fallu subir cette accablante série, de sacrifices aux dépens de notre navigation, de notre richesse, de notre influence politique, pour soutenir péniblement et par des efforts toujours plus ruineux, quelques manufactures de sucre de betterave, favorisées au détriment de l’ouest et du midi de la France, dans, les riches départements du Nord, du pas-de-Calais, de l’Aisne et, de la Somme, et pour entraîner presque partout ailleurs, à leur perte certaine, les capitaux et travail témérairement engagés dans ces exploitations agricoles.

Ces tristes vérités semblaient avoir assez éclaté pour que la lumière fût faite dans toutes les consciences, et pour