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pendant laquelle l’Angleterre en a obtenu plus de 515 millions.


Sucres.


En continuant cette revue des taxes de consommation, nous démontrerons que jamais une fausse combinaison de tarifs n’a créé de plus graves préjudices et n’a compromis de plus grands intérêts que notre imprévoyante législation des sucres.

Par un des plus déplorables exemples de la versatilité législative et de l’inconstance de notre économie politique, après avoir, pendant plusieurs années, avant 1830, préparé la renaissance de notre marine, de notre commerce et de nos colonies, en accordant au sucre exotique les conditions les plus favorables après avoir provoqué dans nos possessions d’outre-mer la culture de la canne par des primes d’exportation si élevées, que nos colons ont abandonné pour son développement presque tous leurs autres produits, et qu’ils ont engagé, dans cette seule exploitation agricole et manufacturière, des avances considérables de capitaux empruntés trop souvent au delà de la valeur de ces propriétés dépourvues d’avenir ; après avoir vu nos armateurs étendre avec une égale confiance leurs expéditions lointaines et leurs échanges de marchandises nationales vers ces plantations devenues plus fertiles, nous avons, au début de ces généreux encouragements et de ces brillantes espérances, refoulé sur elle-même l’abondance qui renaissait pour le marché colonial, et repoussé dans nos ports maritimes le nouvel essor que nous venions d’imprimer à notre navigation, en faisant grandir sur notre