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mettre à la couchette que ie viens de faire faire et un couvre-pied de damas brun. Le tout et dans la grande harmoire de la grande chambre. Ie vous prie de faire un petit balot et me lenvelopper dans la paillasse du lit ou ie couchoit et à carreaux. De plus le postillon veut bien aussi se charger de sis bouteilles de ratafiat de celles qui sont dans le haut de la grande harmoire ; prené, s’il vous plait, ma bonne amie, les dernières faites ; elles sont toutes étiqueté, et vous auré la bonté de les envoyer chez messieurs les bénédictins à St iean dangely et faire demander le postillon qui conduit le père qui doit revenir à la Chaise-Dieu. Faites bien reflection, ma bonne amie, de ne point vous tromper pour ce que je vous demande, cet la housse du lit de la petite chambre de mon fils, en indienne fon bleu où il y a deux grand rideaux et les deux petits rideaux et trois pantes festonné. Le tout est dans la grande harmoire. faite bien plier le paquet dans la palliasse du lit et le couvre-pied de damas brun afin qu’il soit moins grand. Il faut louer un homme, s’il vous plait, bien sûr pour qu’il se charge de porter le tout à l’abbaye de St-iean. Mille pardons ma bonne amie. Recevé mille tendre compliments et embrassades de ma par pour vous et votre cher mary et toute votre aimable famille, et ne douté iamais de mon tendre attachement. Iay l’honneur d’être avec toute la considération possible, madame et chère amie, votre très humble et très obéissante servante.

Chaselle de Lille.


Iavais mil autre choses à vous dire mais
le postillon veut partir. »


On voit par cette lettre, dont l’original appartient à M. Rogée-Fromy, que les rapports entre la mère et le fils n’étaient pas si froids qu’on l’a dit : « Pendant quelque temps, raconte Montlosier, tout fut extrêmement tendre entre eux. Bientôt ils se brouillèrent et se séparèrent. Quand je vis, quelque temps après, l’abbé Delille à Clermont, il se plaignait beaucoup de sa mère, qui, à son tour, se plaignit beaucoup de lui. Il m’aimait assez alors parce que je savais