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À son retour de Constantinople, il rencontra, en passant à Stuttgard, une fille douée d’une fort belle voix ; il la prend, l’emmène à Paris en qualité de nièce. Elle était sans éducation et sans beauté. « Quand on choisit ses nièces, dit un jour, à Delille, Rivarol qui avait à s’en plaindre, ou mieux, dit-on, l’abbé de Tressan qui avait été mal reçu d’elle, quand on choisit ses nièces, on devrait mieux les choisir. » « Nous vîmes cette nièce en Auvergne, rapporte le comte de Montlosier, tout étonné de cette nouvelle parenté, sur la nature de laquelle personne de nous ne pouvait se méprendre. » Plus tard, de sa nièce il fit sa femme.

Il y a sur elle des jugements contradictoires. C’était l’Antigone du poète devenu aveugle, et l’on a célébré sur tous les tons son dévouement, sa noblesse de sentiments.

Une « personne fort honorable, qui avait beaucoup connu Mme Delille », après avoir lu l’article de la Revue des deux mondes du 1er août 1837, où Sainte-Beuve jugeait le poète et parlait de sa femme, écrivait pour protester contre son arrêt bien rigoureux : « Je n’aurais rien dit de quelques allégations contre sa veuve. C’est chose convenue d’en faire une seconde Thérèse Levasseur. Je l’ai bien connue, et jusqu’à sa mort et dans sa vie entière déjà longue, je n’ai jamais rencontré son égale, âme et cœur.

« Ses dernières années se sont éteintes dans les plus amères épreuves