tait devant lui était soulevé ; il avait entrevu le but de ses désirs. Il fallait maintenant régler, d’après des principes fixes, les procédés de la fabrication de l’émail, déterminer exactement les éléments qui devaient entrer dans une opération régulière. Jusque-là l’expérimentation avait été un peu conduite au hasard. L’épreuve tentée sur un têt n’avorterait-elle pas sur un vase ? Ce débris de pot pouvait n’attester qu’une fusion fortuite. Palissy veut essayer sa trouvaille en grand. Mais pour des vases entiers et nombreux, il ne peut plus user des fours complaisants des potiers ou des verriers. Il se construira lui-même un fourneau.
Le voilà maçon, briquetier, gâcheur, goujat. Que dis-je ? bête de somme. Pas d’argent, pas de manœuvre. Il va querir la brique sur son dos ; il tire lui-même son eau du puits ; il détrempe son mortier ; il maçonne tout seul. Le four achevé, et avec quelles fatigues pour un homme peu habitué à ces sortes d’ouvrages ! il a besoin de vases. S’il lui manque quelques livres pour payer un aide, il n’en a pas davantage pour acheter ses pots. Il les fabriquera lui-même. Auparavant, il apprendra ce que c’est que l’argile et qu’un tour de potier. Ce qu’il lui fallut endurer de labeurs est vraiment effrayant.
Au bout de huit mois son four est prêt, ses pots sont prêts ; mais les matières à émail ne le sont pas. Au lieu de se reposer, il se remet au travail. Nuit et jour pendant plus d’un mois, il est autour de son mortier ; nuit et jour il pile les substances qui lui avaient donné l’émail blanc au four des verriers ;