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vase romain rencontré dans quelques débris sur ce sol des Santons où, à chaque pas, le pied heurte un souvenir des conquérants du monde ? Brongniart et Riocreux croient qu’elle était allemande. Mais à ce moment Palissy n’avait pas encore fait ses excursions dans les provinces rhénanes. Il est difficile qu’une pièce d’outre-Rhin soit venue jusque dans les prairies de la Charente. Enfin l’opiniâtreté que met l’artisan à vouloir obtenir l’émail blanc fait penser que ce devait être la couleur de la coupe. Or, la fabrique de Nuremberg ne produisait que des teintes sombres. Les majoliques italiennes étaient au contraire blanches. N’aurait-il pas vu ce merveilleux ouvrage chez Antoine de la Rovère, évêque d’Agen, qui avait longtemps habité la Toscane, ou bien chez Jules-César Scaliger, établi dans cette ville depuis 1525 ? Scaliger, qui parle dans ses ouvrages des majoliques italiennes, dit M. Tainturier, ne quitta pas la Toscane, sa patrie, sans emporter avec lui à Agen quelques-unes de ces poteries si fort en honneur à cette époque. Palissy et Scaliger, tous deux protestants, tous deux amateurs de sciences et d’art, habitant la même ville, ont dû nouer quelques relations. — Ce sont ces relations qui ne sont pas du tout établies, non plus que le séjour simultané à Agen. La supposition est tout à fait gratuite. On a voulu y voir encore une des faïences de Venise ou de Valence qui se trouvèrent, en 1452, dans un vaisseau capturé par des corsaires rochelais. Le vaisseau fut conduit au port de la Rochelle à l’époque où François Ier fit un assez long séjour dans cette cité, c’est-à-dire en dé-