Lemoviticum. Le musée de Cluny en possède plusieurs de cette époque. Ils étaient recherchés jusqu’en Italie : car une charte de donation, en 1197, à une église d’Apulie nomme duas tabulas æneas superauratas de labore Limogiæ. Les tombeaux des enfants de saint Louis, Jean et Jeanne, à l’abbaye de Royaumont, sont les plus beaux spécimens de l’émaillerie au treizième siècle. Au quatorzième, Montpellier rivalise avec Limoges, mais pour peu de temps. Limoges a tout son éclat au seizième siècle. Raphaël, Jules Romain, Primatice, maître Roux, Léonard de Vinci, Holbein et Jean Cousin dessinent pour ses manufactures ces vases, aiguières, candélabres et portraits qui ont porté si loin et si haut sa réputation. Comme il y a un Léonard de Vinci, il y a un Léonard Limousin ; il fut le premier directeur de la fabrique qu’y établit François Ier. Ses premières œuvres datent de 1532. Après lui viennent Pierre Courtois, Courtin, Courteys, ou Court, dit Vigier, son successeur, Jean et Susanne Courtois, Jehan Limousin, Pierre Raymond, les plus connus. Pierre Courtois travailla à la décoration du château de Madrid, le château de faïence, comme on l’appelait, bâti au bois de Boulogne par François Ier, achevé par Henri II, détruit de fond en comble par la révolution.
L’émail cependant a une plus haute antiquité. Il nous vient d’Orient. Des objets trouvés à Babylone, à Ninive, les mosaïques de Perse et d’Arabie nous les révèlent dès les temps les plus reculés. L’Égypte revêtait la terre d’un vernis monochrome vert ou bleu, c’était l’enfance de l’art. Jusque-là l’excipient unique