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tres. Elle a « telle vertu que, quand on la fait boullir, et prenant de sa décoction, on en destrempe de la farine pour en faire des bignets fricassez en sein de porc ou en beurre, et que l’on mange des dits bignets, ils chassent et mettent hors tous les vers qui sont dans le corps » (page 247). Voici les vignes (page 246), « apportant d’un genre de raisins noirs qu’ils appellent chauchetz,... si fertiles qu’une plante de vignes apporte plus de fruit que non pas six de celles de Paris. » Et pourtant ce cépage, quoique donnant de très-bon vin, a presque complètement disparu de la province, remplacé partout par d’autres plus productifs. Il cite encore les ceps de la Foye-Monjault, entre Saint-Jean-d’Angely et Niort, qui donnent un vin « qui n’est pas moins à estimer que hyppocras. »

Voici Brouage, dont le nom, dit-on, vient du celte brou, qui signifie marécage. Fondé en 1555 par Jacques de Pons, après avoir été un boulevard contre les Anglais, avoir eu amirauté, arsenal, hôpital, magasins de vivres, siège royal, bureau des fermes, cure et couvent, Brouage n’est plus même une commune. La centaine d’habitants qui y végète encore achève d’y mourir de fièvre et d’ennui. Déjà, au temps de Palissy, la ville avait beaucoup souffert de la soif en 1570, lorsqu’elle fut attaquée par les protestants. En 1585, les protestants rochelais coulèrent, à l’entrée du havre, plusieurs gabarres chargées de pierres qui l’obstruèrent. Richelieu et le gouverneur François d’Espinay Saint-Luc, dépensèrent 300,000 fr. pour réparer cet accident. En vain ; mais la leçon ne fut pas perdue, et Richelieu, un jour, en construisant sa digue, ren-