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peu à peu au-dessus des marées, se dessèche, se couvre de plantes ; elle est perdue pour la mer qui ne peut plus la reprendre. On compte qu’en certains endroits, l’envahissement de l’eau est d’un mètre par an. Demandez ce que sont devenues ces villes puissantes, Montmeillan, Chatel-Aillon, dont le souvenir seul est conservé. Elles ont croulé avec les falaises qu’elles dominaient. Chatel-Aillon, capitale de l’Aunis, fondée par Jules César, dit-on, fortifiée par Charlemagne, avait, en 1430, quatorze belles et fortes tours. En 1630, s’écroula le donjon qu’Amos Barbot, le premier historien de la Rochelle, avait vu presque tout entier dans l’année 1625. Sept tours qui faisaient jadis face à la campagne, surplombaient encore la base en 1660. Les tempêtes de l’hiver les emportèrent ; et les terribles ouragans de 1709, au dire du P. Arcère, anéantirent les derniers vestiges de Chatel-Aillon. « Aujourd’hui, ajoute M. de Quatrefages (tome II, page 343), un modeste corps de garde de douaniers a succédé à ces forteresses de deux âges, mais il ne repose pas sur leurs débris. Sur cette falaise qui manque sous eux, tours et bastions n’ont pas le temps de laisser des ruines ; et, comme des soldats frappés à leur poste, ils tombent tout entiers. » Et encore devant la marche sans cesse envahissante de la mer, devant l’érosion continuelle de la côte par les eaux, les douaniers, de temps en temps, sont-ils forcés de reculer leur poste.

Bernard Palissy, familiarisé avec tous ces divers endroits de la Saintonge, ne les a pas oubliés. Tels il les a décrits, tels ils sont de nos jours. Les brandes