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des fables et des prodiges qui prouvent la crédulité de l’auteur, cite une eau qui durcit tellement, qu’elle forme des pierres dont on a construit un pont. C’est le même fait que rapporte ailleurs Palissy du pieu trouvé en Auvergne. En 1595, un avocat au parlement de Bordeaux, Jean de Champaignac, dédiait à Jacquette de Montbron, dame des vicomtés de Bourdeilles et d’Aulnay, et des baronnies d’Archiac et de Matha, une Physique française, où il parle, (page 293), d’une certaine boue en Sicile « laquelle estant extraite de dedans la terre vient à s’endurcir et former en pierre, tout ainsi que la boue du Tibre. »

Palissy est sûr de ce retrait de la mer ; il l’a vérifié. Les indigènes lui ont affirmé que la tour ruinée, gigantesque débris, qui domine encore la presqu’île de Broue, avait été bâtie pour protéger le pays contre les pirates ; qu’autrefois ils avaient vu le canal de Brouage, qui a pris son nom de l’îlot de Broue, venir jusqu’au pied de la tour ; qu’au contraire (page 377), non loin du dangereux pas de Maumusson, ils allaient de l’île d’Arvert en l’île d’Oléron sans difficulté ; tandis qu’aujourd’hui c’est le chemin des navires qui se rendent de Bordeaux à la Rochelle, en Bretagne et en Angleterre ; preuve que la terre, se diminuant d’une part, s’accroît de l’autre. On sait que l’Océan[1], qui s’avançait jusqu’à 10 kilomètres de Saintes, à Corme-Royal, en est maintenant éloigné de plus de 40 dans cette direction. Du haut de l’élégant clocher

  1. On pourra consulter avec fruit à ce sujet la savante Notice de M. l’abbé Lacurie sur le pays des Santons à l’époque de la domination romaine, Saintes, 1857.