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disans d’obéir aux dites ordonnances : disans que le sel leur coustait presque deux fois autant qu’il avait accoustumé. » Les Rochelais surtout étaient irrités : ils songeaient qu’anciennement ils étaient exempts de tous impôts sur le sel fait dans leurs marais, droit de gabelle ou autres ; que Louis XI, en cédant leur ville au duc de Guyenne, avait, par lettres patentes du 2 juin 1472, formellement reconnu et confirmé ce privilège ; que c’était bien assez d’avoir été depuis assujettis au droit du quart, porté, en 1537, au quart et demi.

Cependant le roi voulait être obéi. Il envoya donc au mois d’août 1541, le général des finances, Boyer — que M. Massiou[1], transforme en général de cavalerie — avec ordre de lever les taxes. Mais pour assurer le succès de l’opération, il le fit accompagner d’un corps de cavalerie que commandait le gouverneur du Poitou, prince de Talmont, comte de Taillebourg et baron de Royan. C’était — dit son contemporain, le Poitevin Jean Bouchet — un « prince vertueux, aymant et craignant Dieu, bon serviteur du roy et amateur du bien public et bien aimé de ses subiects. » Peut-être aurait-il pu apaiser le mécontentement des populations océaniennes ; mais il mourut le 5 janvier suivant, âgé de trente-neuf ans, laissant un fils, Louis III de la Trémouille, qui eut pour fille Charlotte de la Trémouille, grand’mère du prince de Condé.

La vue des commissaires, ce déploiement de forces ne firent qu’exciter les mutins... « Les manans et habitans des Isles de Marennes, Oleron, Saint-Fort, Saint-

  1. Histoire de la Saintonge, page 435.